Renaud a généreusement récompensé ceux qui l'attendaient depuis tant d'années... | Cela faisait six ans et demi qu'il n'avait plus chanté à Forest-National | ||||
Durant plus de 150 minutes, dans une salle pleine, Renaud a fêté ses deux décennies de carrière. Il s'en est excusé lui-mê- me devant son public qui n'a rien perdu de la cha- leur et de l'enthousiasme de mars 1989, quand il était sous son arbre. Si ça fait si longtemps qu'il ne s'était plus produit dans une (pardon dans la) salle bruxelloise, c'est qu'en 1992, le principe de concert né au Casino de Paris était de par- courir les petites salles de "pro- vince", bref en Wallonie. L'idéé était de revenir début 1993 à Forest mais le Claude Berry de "Germinal" l'a obligé à rempla- |
cer six mois de tournée par six mois de tournage. Voilà pour- quoi Renaud était attendu dans la capitale par un public qui a rempli le vaisseau rénové. Les fans ne savaient pas encore, à 20 h 30, que leur excitation qui se traduisait par des manifesta- tions quasi hystériques allait se voir récompensée par un con- cert de plus de deux heures et demie qui passerait en revue l'ensemble de la carrière de Titi. Ce n'est pas innocent évidem- ment vu que les deux compils "The meilleur of Renaud" ve- naient de nous rafraîchir la mé- moire : cela fait vingt ans que le chanteur énervant alterne ten- dresse et coups de gueule. Cela méritait bien une petite fête. Pour ce faire, Renaud avait choi- si un aquarium de loupiotes en guise de décor et une tonalité acoustique chère à son fidèle arrangeur accordéoniste Jean- Louis Roques. "La ballade de Willy Brouillard", "Dès que le |
vent soufflera" et "Deuxième génération" ouvrent le set qui nous restitue un Renaud à l'aise, bavard juste comme il faut. Car il en a des choses à dire : la France de Chirac lui inspire quel- ques commentaires bien sentis. Il n'est pas là pour chanter "Casser du noir", textes de Pa- trick Sébastien, musique de Jean-Marie Le Pen, on n'est pas sur TF 1 mais bien entre gens civilisés. Si ça continue, Re- naud, il demande l'asile politique en Belgique. Parce qu'à Paris, ça devient Santiago du Chili. Renaud dit déjà septante et no- nante. "Doudou s'en fout", "En cloque" et "La ballade nord-ir- landaise" viennent ensuite met- tre un peu de tendresse car c'est bien connu, c'est très mau- vais pour le coeur de s'énerver. Rien de tel que de s'asseoir avec l'accordéon sur les ge- noux. "Aquarium", "Le déser- teur" et "Mistral gagnant" ne traînent pas. Une section de cui- |
vres vient de temps en temps faire joli. Renaud, qui a toujours eu le sens de la famille, n'oublie pas sa femme Dominique et sa fille Lolita présentes (tout com- me son frère Thierry) et leur fait plaisir en reprenant "Hexago- ne" qui n'a rien perdu de son actualité. "Le petit chat est mort" et "Miss Maggie" précè- dent "La pêche à la ligne", "Adios Zapata!" et "C'est quand qu'on va où?". L'HOMMAGE A BRASSENS Renaud passe à travers sa dou- zaine d'album dont même celui en chtimi avec "M'Lampiste" avant qu'il reprenne deux chan- sons de son maître Brassens (comme le très ad hoc "Je suis un voyou"), ce qui lui donne l'occasion d'annoncer cette déjà fameuse intégrale de 18 ambums comprenant trois albums inédits parmi lesquels se trouve un dis- que entier consacré aux chan- |
sons gaillardes de Brassens. On passe ensuite à un long set en solo à la guitare acoustique avec un medley de "Rita", "Laisse beton", "Société tu m'auras pas", "Où c'est qu't'as mis mon flingue?", "Pochtron", "Chanson pour Pierrot", "P'tite conne", "Germaine", etc... Le temps pour le groupe de revenir et "Son bleu" et "Fati- gué" terminent ce long panégy- rique de toute une oeuvre avant le rappel par "500 connards sur la ligne de départ", "La médail- le", "Dans mon HLM" et le très attendu "Manu". Rien, et sur- tout pas le long timing, n'a enta- mé la ferveur du public qui était véritablement à l'unisson avec son chanteur préféré, chantant avec lui (et parfois par-dessus lui) des chansons qui nous ont accompagnés ces vingt derniè- res années. Mais c'est promis : il reviendra l'année prochaine... THIERRY COLJON |
Renaud à Forest : amour, humour et anar... toujours |
Sept ans qu'il n'était pas venu nous rendre visite, le bougre. Mais il s'est bien rattrapé, samedi soir, dans un Forest National comble et au comble du bohneur. Renaud, qui traîne derrière lui vingt ans de chanson, de rage, d'humour, d'amour et d'anarchie (si, un peu !), nous a offert un concert de presque trois heures, mêlant joyeusement les chansons d'amour et les cris de colère, les ancienne et les petites nouvelles, comme il dit. Jeans noir, T-Shirt noir où s'inscrit le mot Pétard et cheveux en bataille, Renaud entre en scène, cigarette au bord des lèvres et sourire au coin. " C'est pas l'homme qui prend la mer ", lance-t-il. " C'est la mer qui prend l'homme " répond la salle... " Toujours fidèles alors ", plaisante le chanteur. Ben ouais, toujours fidèles ! Il enchaîne avec Deuxième génération et La doudou, rejoint dans ce morceau par l'accordéon de son pote Jean-Louis. Le déserteur, Mistral gagnant... "J'ai bien fini par me rendre compte que vous préfériez les anciennes, alors bon. Je me suis fait une raison ", ironise-t-il. "Mais par contre, je ne vous chanterai ni Manu, ni Hexagone. Non, vraiment, celle-là, je ne les chante plus. D'ailleurs, c'est pas moi qui veut pas, c'est mon chef d'orchestre, là, Jean-Louis..." Sifflets nourris et éclats de rire. " Mais non, c'est une blague. " Bien sûr qu'il nous l'a chanté son Hexagone. La tension baisse un peu (un tout petit peu) lorsque Renaud se fait plus tendre (Le petit chat est mort, La pêche à la ligne) et qu'il entonne quelques chansons de son répertoire en patois Chti'mi. Puis, pour se faire (et pour nous faire) plaisir; l'homme au bandana rouge (qu'il ne portait pas, d'ailleurs) reprend deux petites perles écrites par " le plus grand de tous, Georges Brassens ". D'ailleurs, pour fêter ses vingt ans sur scène, l'ami Séchan a enregistré 25 titres de Brassens et en a fait un album qui devrait sortir bientôt. Histoire de remettre de l'ambiance, il nous propose ensuite un pot-pourri de ses tubes, de Pochtron à Etudiant, poil aux dents, en finissant sur P'tite conne, qui fait courir dans la salle un drôle de frisson. Voilà, il est temps de se séparer. Fatigué pour la première sortie, HLM en guise de rappel survitaminé. Et pour finir, Manu. Bien sûr qu'il nous l'a chantée, Manu... I.M. |
"Merci du fond du coeur", a murmuré Renaud en quittant la scène. Le public de Forest National lui a fait, c'est vrai, un véritable triomphe ! |
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